Médiateur en santé pair

Pair aidance

Socialement, et encore trop souvent dans la sphère médicale, les représentations vis-à-vis des troubles psychiques sont marquées négativement. Ainsi, beaucoup d’usagers sont victimes de stigmatisation, leur identité se résume peu à peu à celle de « malade psychiatrique » dont il est souvent difficile de se défaire. D’autres refusent cette « étiquette », s’y opposent farouchement. Dans ce contexte, il peut être très difficile pour les usagers de la psychiatrie d’oser ou de trouver les ressources pour s’engager dans un parcours de rétablissement.

L’arrivée et l’intégration de pairs-aidants dans les équipes de soins psychiatriques sont aujourd’hui une nécessité pour pallier à ces difficultés.
Le programme québécois PAR (Pairs Aidants Réseau) donne la définition suivante de la pair-aidance : « le pair-aidant, fait référence à un membre du personnel vivant, ou ayant vécu, un trouble de santé mentale. A partir de son expérience de la maladie et de sa compréhension de son propre processus de rétablissement, il aide ses pairs à surmonter les obstacles et à identifier ce qui les aide à se rétablir. »

Par la rencontre, la relation, l’échange entre pairs et divers outils, les pairs-aidants ont vocation à redonner de l’espoir et l’envie de se rétablir aux personnes souffrant de troubles psychiques. Par leurs savoir expérientiel, les pairs-aidants aident les usagers à adopter un nouveau regard sur leur vécu, leur identité, leur avenir. Ils soutiennent l’idée que les personnes peuvent puiser dans leurs propres ressources pour (re)prendre du pouvoir sur leur vie.
L’enjeu institutionnel est désormais de parvenir à intégrer les pairs-aidants dans nos équipes de soins, que leur collaboration soit acceptée et comprise par les professionnels, par un déplacement de la relation sachant/soignant-non sachant/patient et la valorisation du savoir expérientiel, orientations indispensables pour améliorer la qualité de l’accompagnement que nous proposons aux usagers de nos services.

Alexis D. : pair aidant à l’EPSM Metz Jury

Alexis D. est pair aidant depuis le 13 janvier 2023 à raison de 20 heures par semaine.

Alexis D. a commencé une formation d’un an à Paris « Accueillir toutes les expériences humaines et créer le rétablissement en santé mentale ». La première session de janvier à laquelle il a assisté a été très intense « comment faciliter un partage d’expérience dans un groupe ?, comment faciliter la prise de parole dans un groupe ?, mettre en place un règlement pour être libre de parler ou non, accompagner le dialogue ».

Depuis sa prise de fonction, Alexis D. observe comment fonctionnent les équipes des CMP d’ Hayange et Clouange, prend ses marques.

Il a déjà beaucoup d’idées pour aider ses pairs : la première et la plus évidente pour lui car c’est son vécu : créer un groupe de paroles pour les entendeurs de voix, il se souvient de rencontres impressionnantes et enrichissantes, de la force du groupe pour avancer et surmonter certaines épreuves. Ensuite, il veut développer les entretiens individuels : « ce que je ferai sera différent de mes collègues infirmiers, j’accompagnerai sans psychiatriser ». Il souhaite aussi faire des visites à domicile (VAD), sortir du cadre psy, humaniser les prises en charge. Alexis est tout au début d’une longue histoire et carrière professionnelle.

Dr Caroline Soler : psychiatre, praticien hospitalier, vice présidente de CME,

« J’ai compris l’importance du témoignage et de l’entraide avec les groupes d’entendeurs de voix, les personnes se soutiennent entre elles et renvoient des images positives, le savoir expérientiel est plus important, c’est lui qui prime.
Le pair aidant ne doit surtout pas se comporter comme un soignant, il doit avoir une position et une vision différentes donc ne pas dire au patient : prenez votre traitement, respectez vos suivis CMP, il faut veiller à ce qu’il ne soit pas instrumentalisé par les soignants.

Nous avons besoin dans nos équipes de quelqu’un qui a une vision différente de la nôtre, il faut sortir des relations sachants/soignants – non sachants/patients.

A partir de son vécu expérientiel de la maladie et de son rétablissement, le travailleur pair peut apporter un nouveau point de vue aux équipes de soin. Ces regards croisés conduisent à une évolution des pratiques centrées sur une meilleure prise en charge des usagers.

Il peut aussi être un facilitateur de communication entre les soignants et les usagers. Il travaille ainsi en complémentarité avec les soignants : chacun, de par ses propres compétences, qu’elles soient académiques ou personnelles, permet d’apporter aux usagers différentes pistes qui permettront à ce dernier d’appréhender au mieux sa maladie.

Un travailleur pair apporte aussi un regard complémentaire pour créer et co-animer de nouveaux outils (éducation thérapeutique, formations, etc)
La présence d’un travailleur pair inscrit l’institution dans une pratique centrée sur l’usager et son projet de vie, plutôt que sur ses symptômes.

n pair aidant est un patient qui est dans un parcours de rétablissement, une personne qui connait ses propres ressources et sait les utiliser. Il va soutenir les patients sur la voix du rétablissement, aider les personnes à identifier leurs propres ressources et celles qu’elles peuvent mobiliser autour d’elles, regagner une autre identité que celle de patient, faire ses propres choix de vie ».